Attention : article médical
L’hôpital à Dakar, c’est :
- Des pièces communes de douze patients entassés devant les ventilos crasseux
- Des mouches au plafond, des blattes sur les lits, des moustiques sur les murs
- Les consultations collégiales à 15 étudiants avec la clim à 17°C
- L’examen clinique sans gants, sans masque, ambiance tuberculeux dans le couloir et lépreux assis sur ma chaise. Le masque chirurgical sensé protéger de la tuberculose est distribué tous les lundis.
- Des soins aseptiques… enfin sur les étiquettes. Ici la stérilisation c’est le micro-onde. D’ailleurs on réutilise les champs stériles.
- Besoin d’une petite opération dermato ? Pas de souci c’est Touré le balayeur du service qui s’en charge
- Des ECG sans électrodes qui fonctionnent avec des ventouses
- La réanimation sans défibrillateur, sans moniteur, sans intubateur
- Le patient qui doit avancer tous ses frais, de sa seringue à son drap en passant par le pq
- L’échographe qui tombe en rade en plein examen à cause des coupures de courant… Pas de souci monsieur patientez dix minutes s’il vous plait
- L’exode des médecins à 14 h qui s’enfuient vers leurs cliniques privées
- La famille des patients qui habite dans le couloir et fait la tambouille dans la cour
- Les tentes derrière l’hôpital qui attendent sagement l’épidémie de choléra
Mais l’hôpital à Dakar c’est aussi :
- Des médecins pédagogues qui prennent le temps
- Une sémiologie fine et systématiquement recherchée
- Des cas passionnants qui n’existent pas en France
- Des dossiers impeccables
- Des patients sensibilisés, autonomes dans leur traitement
- Une médecine qui se suffit à elle-même indépendante des examens complémentaires
Il faut croire que les médecins sénégalais sont des virtuoses sans partition.